Dans la gadoue agrivoltée : plongée dans la rhétorique des agro-industriels du photovoltaïque.
Bin voilà : le 31 mai 2023 la FNSEA annonce fièrement prendre la co-présidence du lobby France Agrivoltaïsme (1). C’est donc aux côtés d’Antoine Nogier fondateur de ce lobby et président de Sun’ Agri (2), une boîte qu’il vient de vendre à Eiffage, que le syndicat agro-industriel va tenter de faire « grandir la filière ».
Et tandis que Nogier, le Max Havelaard du panneaux métalliques connectés, explique que France Agrivoltaïsme est une association « agnostique en technologie » qui promeut un « agrivoltaïsme équitable et responsable », il s’allie pourtant avec Arnaud Rousseau, le nouveau patron productiviste de la FNSEA (3). Ce dernier dirige le groupe Avril-Sofiprotéol, quatrième groupe agroalimentaire français, et souhaite « faire avancer les nouvelles techniques d’OGM [et] freiner au maximum les restrictions d’usage de pesticides » (4). Ce roi du tournesol a donc des priorités qui ne sont « ni équitable ni responsable » et sait bien bien s’orienter dans le sens du soleil, puisqu’il dirige aussi La Ferme du Ru à Etrepilly qui a pour pour objet social la production d’énergie photovoltaïque (5).
Quel bonheur cela doit être pour Nogier qui depuis 15 ans travaille avec son camarade agrivolté Christian Dupraz au sein de l’ INRAE, afin de légitimer auprès des institutions cette industrialisation de l’agriculture. Le retournement de veste de l’ADEME en 2021-2022, avec un rapport co-écrit par Dupraz, fut une étape importante dans la création des cultivateurs de kilowatts. Et pour ce faire Dupraz et Nogier chantonnent une ritournelle « agrivoltaïque » qui permet aux industriels trois diversions : se distinguer « du vulgaire photovoltaïque au sol » ; faire croire que l’électricité produite l’est à titre secondaire et que le but premier serait l’aide à l’agriculture dans un contexte de changement climatique ; et contribuer à faire en sorte que les surfaces concernées soient de moins ne moins considérées dans les discours et dans les textes légaux, comme étant de l’artificialisation.
Cette fuite en avant agro-industrielle se concrétise par le vote de la loi dite d’accélération des énergies renouvelables durant l’hiver 2022-2023, qui reprend les critères abscons de l’ADEME. C’est ainsi que le 28 février 2023, soit à peine un mois après le vote de la loi, les industriels et leurs relais institutionnels posent joyeusement devant l’objectif. L’INRAE officialise alors un Pôle national de recherche avec Sun’ Agri, le CEA, Agroparitech, EDF, Total Energie, Voltalia, Photosol, TSE, Valorem, Qair, Ombrea, Solvéo, les Chambres d’agricultures de France… 37 signataires « bras dessus bras dessous » pour électrifier les champs (6).
Pourtant, dans la soirée du 14 décembre 2022, en pleine demi-finale Maroc-France, lorsque la mélopée agrivoltée fut gaiement reprise dans l’hémicycle par le macroniste Bothorel et le socialiste Potier, les Dupond et Dupont de l’agrivoltaïsme, un coup de théâtre a bien faillit avoir lieu et contrecarrer les plans des industriels du photovoltaïque.
Que les tenants de projets « citoyens » (7) se le tiennent pour dit : cette pratique marketing (8) n’est rien d’autre qu’une industrialisation des campagnes (9).
Loïc Santiago, le 1er juin 2023
Lire la suite ici :
https://ccaves.org/blog/wp-content/uploads/dans-lagadoue-agrivoltee-2.pdf
1- Litanie agrivoltée…p.3
Mettre « sens dessus dessous » l’air et la terre. Entretien avec le chercheur Romain Carausse p.5
2- L’ADEME et la LPO tombent dans le panneau… p.8
a- Tarabiscoter un terme marketing p.8
b- La « deuxième division » des projets PV p.9
c- La LPO ne veille plus au grain. p.10
3- Insolation à l’Assemblée Nationale…p.11
a- De l’agrivoltaïsme… qui ne soit pas au sol p.16
b- Une Mission flash agrivoltée p.17
c- Florilège parlementaire p.18
4- Dans la mare aux lobbys…p.20
a- Un agenda politique au service d’une stratégie industrielle
b- « France Agrivoltaïsme, agnostique en technologie » p.21
c- Copiés-collés parlementaires p.24
d- Cultivons demain ! p.25
e- La Plateforme Verte p.26
f- Christian Dupraz, l’algorithme agrivolté p.27
g-« risques électriques en présence d’animaux (électro-sensibilité, électrocution) » p.30
h- « L’accord cadre du consortium » p.31
i- Pavoiseries de la FNSEA p.32
5- Des mobilisations partout en France… p.34
1https://ccaves.org/blog/wp-content/uploads/FNSEA-copresident-de-france-agrivoltaisme.jpeg
2 https://lempaille.fr/tout-le-monde-deteste-sun-agri
3https://reporterre.net/Arnaud-Rousseau-un-productiviste-a-la-tete-de-la-FNSEA
4https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/270323/arnaud-rousseau-un-poids-lourd-de-l-agrobusiness-pour-diriger-la-fnsea
5 https://ccaves.org/blog/wp-content/uploads/DE-LA-FERME-DU-RU-Actes-du-21-12-2022.pdf
6 https://www.linkedin.com/posts/pv-magazine-france_cr%C3%A9ation-du-p%C3%B4le-national-de-recherche-d-activity-7036599328261447680-a66n?utm_source=share&utm_medium=member_android
7https://lempaille.fr/contre-lagrivoltaisme-lautonomie-paysanne
8https://www.confederationpaysanne.fr/sites/1/mots_cles/documents/Positionnement_agriphotovolta%C3%AFsme.pdf
8https://ccaves.org/blog/wp-content/uploads/Communique-n8-Voltalia-un-industriel-a-la-campagne.pdf
Bonjour !
Est-il possible d’entrer en contact avec Loïc Santiago, l’auteur de cet article ?
Est-il possible d’obtenir son numéro de téléphone ou son adresse email ?
D’avance merci.